Veille sur la téléphonie mobile
et l'Internet mobile

synthèse du 30 Septembre 2000

Il y a ceux qui profitent des beaux jours d'été pour jouir de la chaleur et du soleil et d'autres qui préfèrent cueillir les fruits de l'automne et regarder les feuilles s'empourprer. C'est la raison pour laquelle, cette synthèse arrive avec autant de retard sous vos yeux. Les nouvelles s'accumulent rapidement et nécessitent encore plus de temps pour être traitées.

Finance et stratégie

L'ART a profité de cette rentrée pour faire un petit cadeau à tous les utilisateurs de ligne fixe en supprimant la liberté de tarification, des appels des postes fixes vers les postes mobiles, concédée aux trois opérateurs de téléphonie mobile. Rappelons que cette facilité leur a permis de financer leur réseau à une époque où le nombre de postes fixes était largement supérieur. Cette différence tarifaire incitait aussi à l'acquisition d'un mobile. Désormais le marché du mobile va vivre par lui-même, devant se démarquer par les services qu'il apporte.

La téléphonie en général se porte bien. L'ART nous communique le chiffre d'affaire réalisé par la profession des opérateurs au premier trimestre 2000. Le mobile bondit encore à 31% d'augmentation avec un chiffre d'affaire de 12,3 milliards de Francs, mais le fixe progresse bien de 25% à 25,6 milliards de Francs.

Et puisque l'on parle de milliards, Bouygues Télécom, le dernier arrivant sur ce marché, est en passe de gagner son pari d'entreprise rentable. L'opérateur trublion avec ses forfaits, prévoit en effet de dégager des résultats positifs l'année prochaine. Une bonne nouvelle pour les actionnaires qui devront mettre la main au porte-monnaie pour financer l'achat de la licence UMTS française.

Intel et quelques autres leaders du marché du mobile ont pris l'initiative de créer une alliance. Une de plus dont l'objectif avoué est de rendre l'Internet et l'extranet mobile plus simple. Comme le dirai nos amis Anglais : « C'est un morceau de chance!».

Espérons qu'ils réussiront, car à ce jour les heureux gagnants de ce jack-pot ne sont pas encore identifiables. France Télécom a vendu 150000 téléphones WAP, utilisé par 45% des acquéreurs ( synthèse du 17 Août). L'opérateur vise encore le million d'appareils, mais pour le printemps 2001.

Grise mine, c'est bien la couleur arborée dans les salons consacrés au WAP. Le marché ne décolle pas, les éditeurs ne sont pas là, seul les offreurs de services multi-terminaux continuent de peaufiner leur offrent pour le grand jour. Pourtant, la situation semblait bien annoncée (synthèse du 17 Juillet), avec une étude réalisée pour Microsoft qui ne prévoyait que 13% de vente de terminaux WAP en 2000.

Le voyage est souvent un moment, parfois des heures, perçues comme inutiles, disons perdues. Perdues pour le travail, la réflexion et le jeu. Sauf depuis l'arrivée de l'Internet mobile. Les constructeurs cherchent à valoriser leur véhicules en en faisant la deuxième maison, à l'instar de la tortue ou de l'escargot. Ainsi après Ford et General Motors , dont nous évoquions le travail avec leur filiale respective dédiée à l'Internet mobile (synthèse du 17 Août), c'est autour de Siemens Automotive de présenter au mondial de l'automobile des services avancés qui permettront de travailler, le matin le soir (courrier, achat) et de jouer. La célèbre ritournelle « Dit papa, il est long ton chemin » risque bien de disparaître lors des transhumances estivales.

En France Peugeot a choisit de s'allier avec Vivendi dans une société commune WAPI. Au programme : le guidage, l'assistance et l'Internet mobile. Ce n'est pas parce que l'on conduit que l'on ne peux pas vider son porte-monnaie.

Dans le domaine du paiement, les choix pourraient se resserrer. Entre les impératifs des banquiers et des gérants de cartes qui veulent faire du numéro de la carte le seul déterminant de la transaction, donc sécuriser son transfert, et les offreurs de services qui voudraient bien se lancer dans la compensation (Paypal, Xcom). En attendant que le marché fasse son choix, les trois opérateurs ont signé une convention avec le GIE carte Bancaire qui définit les procédures régulières permettant de régler un achat à partir d'un mobile. On se souvient que France Télécom fournit déjà une solution, basée sur la carte bancaire et des messages SMS avec sa filiale ITIachat, validé par le GIE.

La sécurité

Sur le champs de la sécurité, les systèmes basés sur les PKI s'imposent dans le paysage de l'entreprise. Tout doit être fait pour sécuriser les relations de l'entreprise avec ses nomades. Gosmart, start-up française basée à La Ciotat s'appuie sur des composants éprouvés : PKI, cartes à puces et Windows 2000. Peu de révolution, mais une solution intégrée sur étagères à 500Frs qui intègre la relation avec l'organisme de certification.

L'insécurité passera de plus en plus par les mobiles qui sortent du champs des pare feu, se connectent à de multiples réseaux. Plusieurs sociétés se sont penchées sur ce marché : Computer Associate, Microsoft, HP, Tivoli. Elles fournissent des outils qui repèrent, contrôlent, mettent à jour, détectent les pannes, alertent les gestionnaires de ressources, dés que le nomade se connecte au réseau de l'entreprise.

Il semble qu'il y ai un trou de sécurité dans le protocole GSM qui permettrait à une cellule pirate de s'insérer dans le réseau, sans identification, puis de tromper les portables. « Bonjour, je suis une cellule Iraquienne, sans cryptage... » Les mauvaises langues suggèrent qu'en lieu et place de trou de sécurité, il faut lire »backdoor ou bugdoor » destiné aux grandes oreilles de Big Brother, à l'instar des bugs du logiciel de connexion sécurisée à distance SSH.

Infrastructures

Les réseaux mobiles de troisième génération se vendent toujours. C'est au tour de l'Autriche de démarrer ses enchères. Il en coûtera environ 730 millions d'Euros, par licence. Une pour chaque opérateurs de téléphonie mobile, plus une ou deux pour l'espagnol Telefonica ou Hutchison de Honkong.

Ericsson se félicite du succès de sa plate-forme « Mobile Application Initiative ». Elle a permit aux acteurs du GPRS et de l'UMTS de tester leurs applications, de partager leur savoir faire et d'atteindre un niveau de qualité et de disponibilité meilleur de leur produits. On peut regretter que le fil de nouvelles de leur site, manque un peu de tact en annonçant « la montagne d'argent généré par l'Internet mobile à venir».

Aux USA, les opérateurs se préparent aux mobiles 3G en mettant à jour leur réseau filaire. Ils planifient d'ici 2002-2003 une augmentation de la bande passante d'un facteur 100.

Il y a le réseau, l'opérateur de services et dans ce nouvel eldorado, on ne s'improvise pas l'un ou l'autre. C'est pourquoi AOL, numéro un de l'Internet aux USA, et le Japonais NTT-Docomo s'allient pour développer des services autour de la mobilité. Le japonais qui a largement démontrer l'efficacité de son savoir faire technique et de l'ouverture des services avec l'I-mode, veux l'imposer face au WAP européen. Le marché américain qui n'apprécie pas le WAP semble prêt à lui servir de tremplin dans cette conquête mondiale.

Webraska, l'éditeur français spécialiste de la cartographie et de la navigation routière en France et en Europe tisse ses alliances. La dernière avec CT Motion lui permet de fournir une plate-forme complète de développement et de support d'applications liées à la localisation des mobiles.

De leur côté, les opérateurs peaufinent leurs offres de services de localisation ?

Si certains parlent de cauchemar et de vie privée, d'autres rêvent un peu trop fort. La première version offre une précision dans une bande de 550m à 1000m de large accompagnée d'une direction si la cellule est sectorisée. La triangulation qui sera déployée l'année prochaine fournit une précision de 50m à 200m. Seul le GPS permet de descendre à 20m.

Tout ceci doit être tempéré, le GPS ne fonctionne pas toujours dans les grandes villes qui ne permettent pas de « voire » trois satellites, et je vous suggère de vous promener dans l'île saint Louis ou le quartier Montorgueil pour voire l'effet produit sur votre téléphone portable.

On peux s'attendre à ce que ces services restent assez évasifs et peu précis sur la localité.

Matériels

Tout le monde le pense en silence, IBM le clame : « le problème du téléphone WAP, c'est le téléphone ! Trop petit pour l'Internet et les services que l'on est en droit d'attendre ». Une position qui nous rassure pour un fabricant de Notebook. Si la bataille de l'Internet mobile est engagée entre le WAP européen et l'I-mode, celle du terminal commence à peine. Les initiatives sont diverses, Psion connecté, Visorphone, les accords Palm-Nokia, Palm-Motorola, Palm-Realvision ; mais il semble que le marché ne basculera pas ainsi. Notamment en Europe où les opérateurs subventionnent les téléphones pour acquérir des clients. Les opérateurs sont avant tout sur le marché de la téléphonie et ils préfèrent vendre du téléphone (simlockable). Il leur faudra une petite révolution culturelle et marketing pour vendre et subventionner de l'Internet mobile, basé sur le protocole (best effort) conçut pendant les années « flower power ».

Qui gagnera du PDA-téléphone ou du téléphone-PDA pourrait n'être qu'une question d'ergonomie. Les plus avancés en diffusion sont les téléphonistes, les plus avancés en fonctionnalités sont les constructeurs de PDA. Les premiers sont prêts à nous faire adhérer au minimalisme sponsorisé par la devise « j'ai choisit et pensé pour vous ». Les deuxièmes valorisent la continuité accès fixes - accès mobiles. Notons que Nokia et Motorola vont entrer au capital du constructeur Palm et ont signé un accord de développement. En attendant qu'ils résolvent cette ergonomie, Handspring, le constructeur qui produit le Visor, un compatible Palm, sort le Visorphone. Un module GSM du Visor accompagnée d'extensions logiciels qui permettent de piloter le téléphone à partir de son stylet et de son carnet d'adresses. Visorphone est plus grand qu'un téléphone, mais son écran aussi est plus grand et pour le web c'est mieux. Si l'appareil répond bien aux attentes des entreprises et de leurs nomades, il s'adapte moins facilement à l'achat impulsif, car il n'est pas bi-fentes.

Une bonne idée qui a du réveiller Palm, stimulé aussi par ses pertes de parts de marché. Si les accords avec Motorola n'aboutiront qu'en 2002 pour le GPRS et l'UMTS, avec Speechwork et la reconnaissance vocale, le constructeur cherche la meilleure intégration de l'assistant dans l'usage quotidien. Par contre, Avec RealVision, il accède au GSM européen dés 2001.

Une autre forme d'association apparaît avec les travaux du français Inginéco et AGISphère qui intègre un navigateur WAP dans un terminal de paiement. En simplifié, c'est un terminal bi-fente sans la voix, un terminal de paiement nomade.

Après Ericsson et Alcatel, c'est au tour de Sagem de prévoir une baisse de ses ventes de téléphones mobiles de 18 à 14 millions d'unités, soit 22% pour l'année 2000. Les boursicoteurs qui ont lu notre synthèse du 2 Août, auront compris que cette baisse est imputable en partie à une pénurie de composants. Ils auront pris leurs bénéfices. Mais, Sagem qui pari sur le terminal haut de gamme, cher et le GPRS - WAP, pourrait mieux s'en sortir en terme de chiffre d'affaire.

Bon à tout faire, ce brave téléphone vient de se découvrir une nouvelle fonction : télécommande universelle, grâce au couplage de Bluetooth et du WAP. Il reste à votre cafetière à se transformer en serveur WML, pour vous livrer minute après minute l'évolution de son travail matinal.

Bluetooth est désormais présent dans les téléphones Sanyo. Un modèle apparaît aussi dans la gamme Ericsson, le T28. Il arrive avec une oreillette Bluetooth.

Bluetooth, raz de marée ou guerre ?

D'annonce en attente, Bluetooth saura-t-il trouver son marché ?

Financièrement, les puces abordables arrivent, des cartes pcmcia sont disponibles chez Toshiba et Motorola pour 200$.

Techniquement, le spectre du 2,4 Ghz attire du monde : HomeRf, 802.11. Même si Bluetooth avec son saut de fréquence plus rapide tente d'éviter les collisions, les interférences existent. 802.11 pourrait être moins sensibles aux interférences radio, car plus puissant en émission, mais les paquets sont plus grands, donc plus vulnérables dans un contexte de saturation de la bande radio.

Les problèmes existent tellement bien, qu'ils ont provoqués la création d'un groupe de coexistence : 802.15.

Bluetooth, encore et toujours attaqué. Cette fois-ci sur le front de la sécurité des communications. Des chercheurs de Lucent ont réussit à intercepter et décrypter des communications dans un piconet. Rappelons que les chips Bluetooth possèdent des clés variables de 64 à 128 bits, utilisé pour crypter les communications. A nous fichiers personnels et conversations téléphoniques, « chérie, jambon beurre ou thon mayonnaise ? ».

Du côté des services

Le WAP forum, cette chose fustigée par l'IETF, mais qui truste le marché de l'Internet mobile, présentera son dernier bébé : WAP 2.0 vers Juin 2001. Un pas a été fait vers les standards avec l'intégration de XML.

La communauté Linux (le monde libre), se penche sur la wap. On connaissait Kannel, une passerelle WAP-HTTP, libre de droit, destinée au marché des serveurs, voici, chez le californien 5nine, un butineur WML qui prendra naturellement sa place dans une architecture Linux enfouie.

Bien implanté sur le marché du serveur, le Texan Compaq intègre le serveur WAP de Nokia dans son offre, le tout, avec Windows NT.

Sun a présenté MID (Mobile Information Device), une spécification destinée à permettre aux applications Java de tourner sur les téléphones portables, les pagers, tous les assistants aux ressources plus limitées. MID est supporté par Motorola, Nokia, LG Electronics, Nextel et NTT-DocoMo.

Petit à petit, le WAP s'enrichit. Voici Eurosport.com avec des programmes télévision, des actualités sportives (100 sports), et des jeux. Le tout en 6 langues.

Les services avancés ne se limitent pas au wap. Mobiclick délivre en quelques secondes le titre du disque qui passe à la radio et bien sûr offre la possibilité de l'acquérir. Ce service est basé sur la reconnaissance vocale et les messages SMS.

www.mycolias.com est un portail d'outils de gestion de la mobilité des professionnels. Il se veut un lien entre les nomades d'un groupe. Mycolias fournit les outils à télécharger gratuitement. Ensuite, il travaille avec le GSM et le SMS.

Une start-up française, SPeeQ propose aux portails WAP d'intégrer une technologie « motion bridge » permettant d'associer rapidement des URL à une séquence de touches du clavier du téléphone. Partant du principe que 76% des noms de domaines en .com nécessitent une frappe unique au clavier....

Une technique qui à l'instar de celle de l'anglais Bango (synthèse du 2 Août) valide l'importance du choix du portail initial et donc celui du WAP lockage.*

Pour les entreprises, SAP un grand du PGI, intègre les mobiles grâce à Abaco. Les informations de l'entreprise sont ainsi disponibles pour les nomades. D'autres solutions existent, moins portables, comme celles de Seagull (synthèse du 2 Août).

Pierre Léonard, 30 Septembree 2000